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  • Photo du rédacteurLe Nuancier Média

Critique littéraire de Millénium tome 1 : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes

« Encore un homme qui hait les femmes » crie Lisbeth Salander, figure héroïque de la saga Millénium créée par Stieg Larsson en 2005 et vendue à plus de vingt-six millions d’exemplaires partout dans le monde. Cette hackeuse de génie, habillée d’un look gothique qui reflète bien sa personnalité, est le fil conducteur de la trilogie. Le premier tome de la série l’introduit avec le célèbre personnage littéraire Mikael Blomkvist, journaliste économique et rédacteur en chef du journal d’investigations et social Millénium. Ces deux personnages sont au cœur d’une affaire criminelle à la fois économique et humaine.

Ce polar contemporain mélange le genre policier avec la satire sociale. En effet, Stieg Larsson affirmait avant sa mort que les romans policiers ne représentaient pas l’évolution de la société dans laquelle sont les deux personnages du roman. Mikael et Lisbeth forment ainsi un duo plutôt étonnant mais très complémentaire au fur et à mesure du roman.

Mikael Blomkvist est contacté par un riche industriel, la grande famille fortunée de Suède : la famille Vanger, pour relancer une enquête abandonnée depuis quarante ans. Il est aidé par Lisbeth Salander, une jeune femme rebelle travaillant en free-lance pour l’agence Milton Security. Elle a un don pour fouiller dans la vie des autres et va en faire son métier. L’intrigue est posée dès le premier chapitre : une fleur blanche est déposée chaque année à Henrik Vanger, à la date d’anniversaire de sa petite-nièce disparue. Crimes sadiques, perversions sexuelles, cette enquête illustre la violence faite aux femmes comme le précise la page du premier chapitre : « En Suède, 18 % des femmes ont une fois dans leur vie été menacées par un homme ». Nous sommes au cœur d’une enquête fictive qui a l’air pourtant très réelle. En effet, elle commence de manière classique pour ensuite devenir de plus en plus déroutante.

Tous ces thèmes engagés sont liés à la vie de l’auteur suédois : Stieg Larssonn. Il naît à Skelleftehamn, dans la région de Västerbotten en Suède. Il est graphiste dans une agence de presse et pendant son temps libre, il écrit un livre contre l’extrême droite « Det Eviga Hatet ». En 1995, il fonde “Expo”, un magazine antiraciste. Pendant son adolescence, il est victime d’un viol ce qui va engager son combat féministe. Il va militer contre la guerre du Vietnam, va faire partie de groupes communistes et lutter contre le sexisme, le colonialisme, le racisme, l’extrême droite. Son militantisme inspire son chef d’œuvre Millenium où sont écrits des noms de groupes d’extrême droite et la vie politique suédoise.

Ce qui m’a poussé à lire Millénium sont bien sûr les adaptations cinématographiques suédoises et américaines de ce roman. Celui que j’ai préféré est celui de David Fincher réalisé en 2011 avec les acteur.ices suivant.es : Rooney Mara et Daniel Craig. Ce réalisateur est réputé pour ses thrillers psychologiques comme Fight Club. Dans le film, j'ai adoré l’affaire Harriet Vanger et comment les enquêteurs.rices arrivaient à trouver le meurtrier mais surtout pour l’aspect sanglant de l’affaire. Inceste, viol, extrémisme, meurtre, tout y est ! Cette histoire m’a plu pour son originalité. Aussi, le personnage féministe et complexe Lisbeth Salander m’intriguait. On la présente comme une « femmelette » : « Armanskij avait du mal à s'habituer au fait que son plus fin limier soit une fille pâle, d'une maigreur anorexique, avec des cheveux coupés archi courts et des piercings dans le nez et les sourcils. Elle avait un tatouage d'une guêpe de deux centimètres sur le cou et un cordon tatoué autour du biceps gauche. Les quelques fois où elle portait un débardeur, Armanskij avait pu constater qu'elle avait aussi un tatouage plus grand sur l'omoplate, représentant un dragon. Rousse à l'origine, elle s'était teint les cheveux en noire aile de corbeau. Elle avait toujours l'air d'émerger d'une semaine de bringue en compagnie d'une bande de hard-rockers. » (p. 43, 44 Millenium : les hommes qui n’aiment pas les femmes ». Éditions France Loisirs.). Mais elle est aussi dotée d’une grande force qui la montre comme quelqu’une de redoutable. A travers ce personnage, j’ai pu m’identifier à elle et j’ai pu constater la violence faite aux femmes sous tous les angles : physique, psychologique, politique, social, sexuelle…souvent exercées par la société. Cette violence, on la ressent vers la fin du livre où nous nous posons nous même la question sur notre condition de femme : quelle est notre place dans cette société machiste ?

Le deuxième tome : La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette, parue en 2006, raconte la suite des aventures de Mickael et Lisbeth mais l’histoire avance plus vite et l’intrigue est toujours aussi tentaculaire mettant Lisbeth au cœur d’un meurtre dont elle est accusée. De quoi nous apprendre plus sur le passé de cette mystérieuse enquêtrice.

Quelques coups de cœur sur Millénium que je voulais vous partager :

· Le livre : Millénium 1 - Les hommes qui n’aimaient pas les femmes

· Le roman graphique : Millénium - intégrale - lees hommes qui n’aimaient pas les femmes :

· Le film de David Fincher sur Amazon Prime Vidéo, Youtube et Google play film (pas plus de 3 euros).

· La biographie de Stieg Larsson sur France Culture diffusé sur YouTube :

Anne-Claire Laurenson


Millenium.jpg prise par Anne-Claire avec son portable de la couverture du livre

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