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LE MYTHE DE LA DEMATERIALISATION


Des vinyles à Spotify Premium, il n’y a qu’un pas



Photo : Jonathan Ybema (@jayworks) libre de droits (Unsplash)

Lire, écrire, publier, écouter de la musique, regarder des films, dessiner… En à peine vingt ans, les activités que nous pratiquions manuellement se sont dématérialisées en un temps record. Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce transfert de l’analogique au numérique n’est pas sans conséquence sur notre manière de penser, ni sur l’environnement. Et encore moins sans effets écologiquement désastreux…



Pourquoi un mythe ?


Le terme-même de « dématérialisation » est mal choisi, dans la mesure où il sous-entend que les données ne seraient stockées nulle part. Alors qu’il y a toujours un support physique (disques durs, clés USB, téléphones portables) mais aussi – et surtout – numérique (serveurs, Clouds, etc.).

La dématérialisation est donc un mythe au sens littéral du terme, c'est-à-dire un « ensemble de croyances, de représentations idéalisées autour […] d’un phénomène […] et qui leur donnent une force et une importance particulières », comme le définit si bien le dictionnaire Larousse. Les problématiques que pose cette dématérialisation sont multiples ; mais notamment sociologiques et écologiques. Sociologiques puisqu’elle nourrit, entre autres, le rêve d’une « économie sans objet, sans métal, […] sans sueur » qui résulte du fantasme d’une économie et d’un capitalisme immatériels d’après le sociologue Anthony Mahé. Elle permet par exemple aux entreprises du secteur tertiaire d’user de ruses marketing, qui consistent à ne plus envoyer que des emails au lieu de courriers – faisant ainsi imprimer billets de train et autres relevés bancaires aux client.e.s. avec de l’encre d’imprimante aussi coûteuse que du parfum. Mais la dimension écologique et environnementale corrélée à ce mythe de la dématérialisation demeure sûrement la plus importante et la plus sous-estimée. Le passage au numérique de la très grande majorité des entreprises apporte avec lui son lot de contradictions : les lettres ont laissé leur place aux e-mails, que l’on envoie par wagons à ses collègues (qui sont parfois au bout du couloir) sans savoir que transmettre un email avec pièce jointe équivaut, en termes de consommation énergétique, à laisser une ampoule de 25W/h allumée pendant deux heures. Notre plateforme de streaming et de téléchargement préférée, Netflix, consomme autant d’énergie par année que 40 000 foyers américains – soit 15% de la bande passante mondiale. Et les exemples ne s’arrêtent pas là. Le secteur informatique est, d’après l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) à l’origine de 4% des gaz à effet de serre. La pollution numérique commence lors de l’extraction des métaux lourds et des éléments rares pour fabriquer les bijoux technologiques que nous avons entre les mains, se poursuit lorsque nous regardons un tuto beauté sur YouTube en qualité HD et ne s’arrête pas lorsque les déchets informatiques sont, à défaut de pouvoir être recyclés, entassés dans des décharges à l’autre bout du monde où ils contaminent les eaux et les sols.


Comment limiter la pollution numérique à son échelle ?


Pour prendre conscience de l’impact écologique du numérique, il est d’abord opportun de ne plus utiliser le terme de « dématérialisation », qui n’a d’immatériel que le nom puisqu’il s’agit d’un transfert d’un format traditionnel à un format numérique.

En ces temps de numérisation intempestive, cesser totalement toute pollution numérique peut s’avérer compliqué. Néanmoins, la limiter peut être fait via des gestes simples. Eviter d’envoyer des mails lorsqu’on peut appeler ou parler avec la personne en question, ne pas charger ses mails d’images ou de signatures lourdes et inutiles, regarder ses vidéos en qualité 720p, préférer le format DVD au streaming, imprimer ses documents au-delà de soixante pages de texte sont autant de petites actions faciles à réaliser moins néfastes pour l’environnement. Par ailleurs, faire réparer ses appareils au lieu de les jeter puis d’en racheter de nouveaux est une astuce à la fois écologique et généralement économique. Mais avant d’agir, encore faut-il être conscient·e des dégâts générés par le numérique…


Léna PRESTEL


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