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  • Photo du rédacteurLe Nuancier Média

Marathon vert School of business, vert comment ?

Le Marathon Vert School of Business 2023 est passé. Durant le soir du 21 et la fin de matinée du 22 octobre, six courses se sont tenues. La circulation dans le centre de Rennes a été bloquée pour une douzième édition des courses réussite. Avec onze mille cinq cents participant·e·x·s, la fréquentation a été très importante. Un record inédit. Une performance avec des performances que je ne peux m'empêcher de rapprocher aux autres valeurs et engagements dont se ceint l'événement. J’écris donc cet article en reprenant mes observations, et en analysant les éléments donnés à disposition sur leurs pages et réseaux. J'ai essayé de prendre contact avec les organisateur·ice·x·s pour enrichir les informations dont je pouvais me saisir et pour écrire mon article. Démarches demeurées infructueuses, j'écris donc, cet article sans bénéficier de sources directes des acteurs de cet évènement. Toujours est-il que dès le titre, un élément est central, il y a une dimension placée à égalité avec les épreuves, sportives car pour rappel, le mot “vert" est dans le titre, accolé à “marathon” et même son logo brandit cette couleur et ses références. Le Marathon Vert School of Business prend un parti pris. C’est l’écologie qui est fortement revendiquée par le marathon qui se tient à Rennes, dans sa communication et son organisation. Surtout, cet événement à travers ce choix annonce des actions pour l’environnement, que j'ai essayé de récapituler.


Cette action écologique passe essentiellement par le nombre d'arbres plantés. Sur son site, le Marathon Vert le garantit et communique largement là-dessus. Cette action passe aussi par un partenariat étroit avec la Fondation Yves Rocher, fondation de l'entreprise rennaise du même nom spécialisée dans la cosmétique. Toutes les deux sont encore dirigées par des membres de la famille Rocher, celle du fondateur de ces deux organismes. Déjà, le Marathon annonce sur ces postes la couleur : 180 500 arbres pour cette édition. Ce nombre est corrélé aux kilomètres parcourus par les participants et leur résultat (1 arbre pour chaque kilomètre parcouru par l’ensemble des compétiteur·ice·x·s). Tous les marathonien·ne·x·s et coureur·euse·x·s reçoivent des produits de beauté offerts par Yves Rocher, un diplôme de leur exploit avec le nombre d'arbres plantés grâce à elleux, un T-shirt "Marathon School of Business". La Nature récupérera, quant à elle et a priori, de nouvelles surfaces boisées. Je n'ai pas trouvé les sites qui bénéficient concrètement de ce reboisement, hormis ceux prévus sur des sites dans les communes limitrophes de Rennes, qu’a pu traverser le Marathon lors de ses éditions précédentes. Implantations de bocages (configurations où les cultures et parcelles sont délimitées par des haies et des talus plantés d’arbres) et d’autres types de surfaces arborées, allant de bosquets à des vergers sont programmées avec la Fondation et son partenaire l’Afac-agroforestier. Pour rappel, en 2022, La Prévalaye a accueilli 1500 nouveaux arbres de différentes variétés et pour situer, ce lieu correspond à la zone de loisir champêtre au-delà de la Rocade avec restaurant, camping…


L'équipe derrière le marathon, engagement écologique incite, se doit de nettoyer l'espace occupé où sont présent·e·x·s les coureur·euse·x·s et le public, et, immanquablement, de mettre en place une récupération des déchets et un système de consignes. Sur son site internet, une rubrique est consacrée à la pratique et au développement de course/ramassage de déchets, nommée “Plogging”. Dans ce sens, il collabore avec La Feuille d'Erable et Véolia, notamment sur les espaces de course. Un bon moyen de fusionner à la fois le sport et l'environnement, et de réunir, pour ainsi dire, deux facettes de l'identité promue et mise en avant par l'événement.


L’entreprise sportive bénéficie du soutien d’entreprises et de la ville de Rennes. Elle entretient des relations favorables avec plusieurs entreprises-sponsors. Pour ces entreprises, ce soutien, tout en me restant flou, se retrouve à divers échelons comme l'approvisionnement des athlètes par Super U. Les logos des marques des sponsors sont omniprésents dans l'espace de la course. La collaboration se fait au final dans les deux sens et les entreprises surfent sur l'image du marathon, et sur l'aspect sportif, convivial et environnemental que l'événement renvoie. Il y a concrètement une opération de “Greenwashing” qui fait reluire et redorer l'image des entreprises impliquées. Contre cet apport et aide, le Marathon Vert va jusqu’à identifier à chaque course le patronyme d’une entreprise. Au point de conduire à des mélanges étranges comme “Marathon Duo MacDonald”. Une proximité qui fonde l'événement. Son nom symbolise cette ambivalence : "Marathon Vert School of Business". Le nom de la branche rennaise de école privée de commerce jouxte le "vert", sans crier gare !


Ces acteurs commerciaux et industriels ont une part prépondérante dans l'accomplissement du système productiviste actuel, auquel conduisent nos activités, à l’origine de la pollution et de la déforestation. Ainsi, qui gagne le plus au change entre la biodiversité, ou plutôt, les entreprises parrainant l'événement ? Le Marathon Vert ne pousse à aucune garantie de la part de ces sponsors et reste aveugle quant à leur fonctionnement entreprenarial qui en reprenant la conception classique d'une entreprise, se focalise sur le profit et la rentabilité. Sans déconsidérer un engagement réel de ces derniers, rien ne certifie que cette implication auprès du Marathon découle de la préoccupation de réparer l’environnement, si ce n'est que de celle de réparer et mettre en valeur leur image. On ne peut pas omettre une opération marketing derrière une telle campagne. L'existence d'un conflit indubitable surgit, opposant les résultats comptables immédiats, futurs que recherchent les entreprises, incompatibles avec la recherche d'un système soutenable qui nécessite de lourdes et profondes réformes de leur modèle économique. Cette situation ambiguë et paradoxale est, cependant, commune. Bon nombre d'associations solidaires et environnementalistes sont en manque de ressources et en mal d'argent, alors que des entreprises avec un impact environnemental et social discutable, au contraire, en disposent en large quantité et veulent s’acheter une image à défaut d’être éthique. Conséquence, ces dernières deviennent de gros contributeurs des premières. Il faut considérer les vrais priorités du Marathon Vert School of Business, avant tout un événement sportif d'ampleur, et non une action ou une campagne pour le climat ou la biodiversité qui est un plus.


Faire un événement sportif de cet ordre engendre une multitude de coûts. Le Marathon Vert School Of Business possède son propre système économique en dehors du système des sponsors, déjà avec le tarif d'inscription, ou encore, par la restauration de la foule venant pour l'événement. Cette dernière fut assurée par une grosse équipe bénévole dévouée et de produits basiques et peu coûteux comme les soupes en sachet proposées à un euro ou encore des bières Lancelot en fût, pour trois. Une autre mention à émettre est ainsi la mise en place de cet événement, avec un coût économique pour garantir la course certes, mais aussi un impact écologique. Un impact représenté par ces dispositifs mis en place et le public venu participer et se divertir : suivre et contrôler les performances avec un système à puce, pour filmer les performances ou pour baliser le parcours… (sans compter un village installé sur l'étendue de l'Esplanade Charles de Gaulle, avec un espace restauration et une boutique…). Seulement, j'adopte une position volontairement radicale, extrême. La mise en place d'un événement n'est pas neutre, rien qu'en termes d'énergie pour le déployer. Est-ce que les rejets de dioxyde de carbone sont compensés par le nombre d'arbres que l'on met en terre ? En dehors de ce point, qui, il me semble, peut être demandé d'un Marathon Vert, j'ai une position caricaturale. L'existence des courses et d'un marathon a un impact certes, mais aussi un attrait : il permet de se divertir, de donner à des personnes la possibilité de concourir à un marathon ici à Rennes… Cette existence a droit de se tenir aussi malgré son poids en termes d'émission indubitable. - On a droit de vivre !?》 Oui, évidemment.


La préservation de l’environnement est-elle la préoccupation majeure de cet évènement ? Et si oui, dans quelle mesure et quelle limite ? Le "vert" du marathon rennais contribue à son image, sa caractéristique, sa renommée mais cet événement vise avant tout un seul but : celui d'assurer en priorité l’organisation d'un événement sportif. Les différents dispositifs de suivis des joggeur·euse·x·s doivent être assurés ainsi que la mise en place des épreuves. La priorité est là. Le reste se place, par nature, en annexe. Les actions permettant la préservation de la nature sont un plus. Pourtant, cette revendication est dans l'âme de l'événement. Des efforts et des traductions en actes sont entrepris, par exemple pour réduire la nuisance (en termes de déchets) représentée par la venue de milliers de personnes sur une zone, et des plantations, action concrète de ces courses. De plus, en lui donnant une place d’honneur, le Marathon implante le sujet écologique dans l’espace public et dans l’imaginaire. Mine de rien, C’est une exigence disposée à côté de l'esprit sportif et de la convivialité dans sa présentation. Ensuite, est-ce qu’un marathon localisé à Rennes peut être tenu de mener cette révolution mondiale ou que de lui, découle les changements de toute une société ?



Cain


Photo pris par Cain

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