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  • Photo du rédacteurLe Nuancier Média

Mieux comprendre les élections américaines

Vous n’êtes pas sans savoir que les élections présidentielles de 2024 ont commencé il y a un mois, le 15 janvier, aux Etats-Unis. Ces élections sont bien souvent incomprises par les Français·es, je vous propose donc une explication générale de ce processus électoral, afin de vous permettre de le suivre tout au long de l’année.


Tout d’abord, il est important de noter que les Républicains et les Démocrates ne sont pas les deux seuls partis se présentant aux élections, bien que ce soient les seuls dont on entende parler. En effet, ce sont deux coalitions de différentes factions. Celles-ci apportent une telle diversité et une telle puissance au sein de ces deux grands partis, qui causent la marginalisation des partis tiers, indépendants. D’un point de vue français, extérieur, ils n’arrivent alors presque jamais à nos oreilles.


Les élections présidentielles américaines se divisent en 4 étapes majeures se déroulant entre janvier et décembre de cette année. L’investiture du 47e président des Etats-Unis n’aura cependant pas lieu avant le 20 janvier 2025.


Tout d’abord, le 15 janvier, le caucus de l’Iowa (réunion à huis clos des membres du parti) inaugure la primaire républicaine. Celui-ci vise à sélectionner un candidat qui affrontera le président démocrate sortant, Joe Biden, le 5 novembre prochain. Parmi les prétendants, Donald Trump, malgré ses nombreux problèmes judiciaires, fait face à Ron DeSantis et Nikki Haley, mais reste largement considéré comme le favori incontesté.


Pendant une période de cinq mois, du 15 janvier au 4 juin, les 50 États américains, le district de Columbia et cinq territoires participent aux votes pour sélectionner le candidat officiel du Parti républicain pour l'élection présidentielle du 5 novembre. Certains scrutins, tels que ceux en Floride, New York et en Pennsylvanie, sont réservés aux membres du parti, tandis que d'autres, comme au Texas, au Michigan et en Louisiane, sont ouverts à tous·tes les électeur·ices. Les premiers États jouent un rôle disproportionné ; ils donnent le ton. Ainsi, la Caroline du Sud est, par exemple, un Etat majeur pour Joe Biden.


Le "Super Tuesday" est le point culminant de la course à l'investiture. Certains États se sont regroupés pour organiser leurs primaires au même moment, ce qui a donné naissance à cette étape décisive du processus électoral, afin d'éviter de voter en dernier, lorsque la plupart des candidat·es ont jeté l'éponge au profit du favori. Aujourd'hui, plusieurs États sont impliqués, y compris la Californie et le Texas, les deux États les plus peuplés de l'Union. Il s'agit de 36 % des délégués requis pour obtenir l'investiture. À la fin du mois de mars, les Républicains et les Démocrates auront remporté plus de 50 % de leurs grands électeurs appelé·es à voter lors de leurs conventions nationales respectives.


Les conventions nationales de chaque parti sont alors organisées en juillet ou en août. C’est la seule et unique fois durant laquelle, tous les 4 ans, les partis se réunissent réellement. Chaque Etat y envoie ses délégué·es pour choisir le candidat officiel.

Par ailleurs, c’est lors de ces conventions que le ticket est révélé ; c’est-à-dire le nom de chaque prétendant aux présidentielles ainsi que le nom de leur vice-président. Contrairement à la France, on ne vote pas pour un président mais pour un “ticket”. C’est pourquoi le choix du vice-président, qui complémente le président dans ses idées ou son origine, est important pour récupérer un nombre d’électeur·ices suffisant.


L’élection générale aura lieu le 5 novembre prochain. Étant indirecte, la population votera pour des grands électeurs. Dans les faits, les Américain·es désignent un total de 538 grands électeurs, qui désignent ensuite le président des Etats-Unis. C’est cette étape décisive dont on entend majoritairement parler en France.


L’essentiel fonctionne sur le principe du « winner-takes-all » : le candidat qui arrive en tête dans l’Etat rafle toute la mise, comme en Floride, en Arizona, ou au Colorado ; c’est-à-dire que l'ensemble des grands électeurs de cet État seront de sa couleur politique et voteront pour lui. Il y a toutefois quelques exceptions dans certains États où le candidat en tête ne gagne que s’il dépasse les 50 % des voix (Texas, New York). Le vainqueur des élections n’est donc pas nécessairement le vainqueur du vote populaire. Il ne s’agit pas de gagner le vote populaire mais de gagner dans suffisamment d’États pour obtenir 270 grands électeurs sur 538.


Finalement c’est le 17 décembre que les grands électeurs voteront pour le candidat officiel. Chaque État a un nombre différent de délégués, équivalent au nombre de ses représentant·es au Congrès et donc proportionnel à sa population. La Californie possède le plus grand nombre de grands électeurs (169), puis le Texas (162), la Floride (125) et New York (91).


Ce processus électoral a des bons et des mauvais côtés.

Il inhibe les partis dissidents et extrémistes. De plus, les pères fondateurs justifient le choix d’élire le président des Etats-Unis par des élections indirectes comme un renforcement du fédéralisme et une garantie que le président soit choisi par un ensemble d'individus sages et dignes. Malgré cela, l’arrivée de Trump au pouvoir par ce processus prouve qu’il n’est pas infaillible.


Par ailleurs, il ignore le vote populaire et donne une influence disproportionnée, d’une part, aux petits Etats car le prorata de grands électeurs dans ceux-ci est plus important que dans les grands Etats ; il y a donc une surreprésentation de leurs délégués. D’autres part, cela donne une influence disproportionnée à certains grands États décisifs ; car les candidats se concentrent sur les États avec le plus grand nombre de grands électeurs pour remporter l'élection. Ce vote écrase également toute chance pour un candidat tiers.


Clémentine


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