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  • Photo du rédacteurLe Nuancier Média

Pachinko : un roman au cœur de l’émigration coréenne au 20ème siècle

Pachinko est un roman présentant une justesse historique remarquable. Finaliste du National Book Award à sa sortie en 2017, il est à la tête des ventes du New York Times pendant plus d’un an. Il a été traduit dans trente langues et est désormais en cours d’adaptation cinématographique.

Il est écrit par l’auteure journaliste coréenne Min Jin Lee après de nombreuses recherches et essais.

Ce livre est séparé en trois parties intitulées Livre 1 Gohyang/Hometown (1910-1933), Livre II Motherland (1939-1962), et Livre III Pachinko (1962-1989).



Pachinko raconte l’histoire d’une famille coréenne qui immigre au Japon dans les années 30. En effet, un couple de Yeongdo, Hoonie et Yangjin, tiennent une pension où ils accueillent nombre de pêcheurs sur leur île pendant l’occupation de la Corée par le Japon. Après de nombreuses fausses-couches, ils arrivent enfin à avoir une fille, nommée Sunja. L’intrigue commence lorsque celle-ci, âgée de treize ans, se laisse charmer par un riche négociant de passage. Alors qu’elle tombe enceinte, il lui annonce qu’il est déjà marié au Japon, et qu’il peut faire d’elle sa seconde épouse « l’épouse coréenne ». Ne voulant pas déshonorer sa famille, Sunja refuse. Pour que son enfant ne vive pas dans la ruine et sans nom, un pasteur chrétien de passage à l’auberge Isak Baek, soigné précédemment par Sunja, propose de la marier et de devenir le père de l’enfant. Il lui propose une nouvelle existence au Japon, le pays où tout semble possible. Ils y rejoignent le frère d’Isak, Yoseb, et sa femme, Kyunhee. Le couple ne réussissant pas à avoir d’enfants, est ravi d’accueillir la future petite famille, ravies par la vision d’un foyer plus vivant. Ce roman conte comment cette famille s’est fait frapper par la réalité qui les attendait au pays du soleil levant.

On y découvre les problèmes auxquels fait face toute personne coréenne ou d’origine coréenne immigrant au Japon. Manque d’emploi, racisme, pauvreté extrême, refus de logement, font partie des difficultés d’être un.xe Coréen.xe au Japon au XXe siècle. Au sein de cet ouvrage, on suit la famille sous 5 générations en suivant leurs difficultés que ce soit dans leur vie familiale, maritale, professionnelle ou sociale.

A travers son ouvrage, Min Jin Lee nous décrit la vie au Japon au XXe sous toutes ses facettes : des coréen.xes aux japonai.xes des plus pauvres aux plus riches, en passant par l’influence des yakuzas sur l’économie du pays ainsi que l’idéal occidental après la Seconde Guerre mondiale. On y découvre l’univers du Pachinko japonais et ses dessous, ainsi que les conséquences de travailler dans ce milieu.

Ce roman se veut donc être un miroir de la vie au Japon sous les différentes périodes du XXème siècle pour les coréen.xes, notamment durant l’invasion de la Corée, la seconde guerre mondiale puis la reconstruction du pays sous la tutelle américaine. On y retrouve un hymne à tous les sacrifices que font les immigré.xes pour trouver leur place dans un pays qui, au départ, n’est pas le leur.



L’auteure journaliste Min Jin Lee est née à Séoul en 1968, elle vit aux États-Unis depuis ses 7 ans et réside aujourd’hui à New York. L’idée d’écrire Pachinko lui vient en 1989 lors de sa première année à l’université de Yale, où elle assiste à un Master's Tea, un événement sous forme de films et de conférences. Ce jour-là, un missionnaire américain résident au Japon y racontait la situation des zainichi, littéralement « étranger.xe résident.xe au Japon », mais désignant spécialement les Coréens du Japon ayant immigré pendant la période coloniale, c’est-à-dire des familles vivant au Japon depuis 4 voir 5 générations.

Après son diplôme en droit, Min Jin Lee commence à écrire dès 1996 sur les coréen.xes au Japon, sans jamais parvenir à se faire publier. En 2002, The Missouri Review accepte de publier Motherland, un texte racontant l’histoire d’un garçon coréen vivant au Japon auquel on prend les empreintes digitales le jour de son anniversaire. Cette histoire sera rappelée au sein de Pachinko. L’auteure obtient avec ce récit le Peden Prize ainsi que la bourse de la New York Foundation For The Arts. Motivée par la volonté de raconter l’histoire des zainichi, elle effectue de nombreuses recherches et déménage à Tokyo en 2007. Elle commence alors à rassembler des témoignages de Coréen.xes du Japon, notamment sur la vie d’expatrié.xe, la finance internationale, les yakuzas, l’histoire coloniale de la chrétienté, la police, le poker, Osaka, les négociations immobilières à Tokyo, ainsi que l’industrie du pachinko. Tous ces témoignages et les nombreuses lectures de l’auteure lui ont permis d’écrire Pachinko, le résultat d’un travail de plus de trente ans afin d’éclairer le monde sur les Coréen.xes du Japon, qui ont longtemps été « méprisés, reniés, et effacés », pour reprendre les mots de l’auteure.



Doyet Eloane


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