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  • Photo du rédacteurLe Nuancier Média

“Volatil’’ exposition d’Ayla Corre. Association APAE




Le 13 février 2024. Espace M. Bâtiment Mussat. Université Rennes 2.


17h45.


Le bâtiment M, plongé dans une lumière tamisée inhabituelle, se remplit au compte-gouttes d'étudiant·e·s, de professeur·e·s et de visiteur·euse·s. Durant les quinze premières minutes du vernissage, des discussions à voix basse fusent. Quelques curieux·euse·s explorent l'espace M et découvrent les œuvres de l'artiste avec quelques regards emplis de questions.


18h00


Une voix haute s'élève, un bref discours d'accueil est prononcé, l'exposition est présentée. Les lumières s'éteignent et laissent place à une pénombre complète. Seul un spot de lumière placé dans l'espace M engage les spectateur·rice·s à se tourner et à découvrir Ayla Corre, la lumière baignant son visage. L'artiste est assise, tournée face à une table où résident un miroir et un bol au contenu inconnu. La scène est épurée et sépare l'artiste du public par les vitres de l'espace d'exposition. Une distance se crée. Dans un silence parfait, la performance débute, l'artiste, lentement et impassiblement, attrape un chewing-gum dans le bol, le mâche et le place sans émotion sur sa joue droite. La performance dure quinze minutes, durant lesquelles l'artiste s'applique les uns après les autres les chewing-gums mâchés sur la moitié de son visage. Comme prise d'une volonté de se créer une seconde peau, de déjouer les normes de l'acceptable et du beau dans l'art. Jusqu'au dernier chewing-gum et à l'extinction de la lumière, le public semble retenir son souffle. Jusqu'à ce que l'artiste sorte de la pièce et que les applaudissements retentissent.


18h15


Le vernissage se poursuit dans une ambiance plus bruyante, les questions et ressentis sont exprimés à voix haute lorsque les lumières du bâtiment viennent éclairer la petite foule. Quelques curieux·euse·s entrent dans l'espace M pour y découvrir les œuvres de l'étudiante.


La première œuvre attirant notre regard est un dessin coloré sur un grand format de papier. L'œuvre installée au centre du mur face à l'entrée de l'espace, témoigne d'un savant mélange des couleurs et de la figuration d'un visage fin, se perdant dans les ailes d'un perroquet majestueux. La technique de l'artiste crée un flou dans nos perceptions visuelles. Chaque élément cohabite parfaitement ensemble, en se perdant l'un dans l'autre. Les couleurs pâles de cette première œuvre se retrouvent dans les huit autres. Placés habilement sur un socle, surélevés d'une dizaine de centimètres du sol, les huit dessins sont dispersés sur la surface, à la vue des spectateur·rice·s. Nous retrouvons ici encore des œuvres où les visages se perdent dans les corps d'oiseaux de toute espèce. La technique de l'artiste est immaculée. Une feuille de journal lui sert de palette, à l'aide de dissolvant, les couleurs sont transférées sur le papier pour y inscrire les formes et figures. L'artiste nous explique plus tard que les oiseaux représentés sont en fait morts. Ce qui met en lien ses dessins avec les autres œuvres qu'elle nous propose. L'exposition prend une tout autre tournure. 


Posés contre le mur de droite, à même le sol, six développements photos de tailles variées appellent notre œil discrètement. Une texture de marbre semble s'y dessiner. C'est en fait une peau de poulet, blanche, nue de toute plume. Une atmosphère morbide se crée. Après un entretien avec l'artiste, nous découvrons que ces photos représentent différentes parties d'un même poulet mort. Et qu'elles prennent sens dans une critique de l'esthétisme, de ce qui est vivant et de ce qui est mort, entre le ciel et la terre. Se joue alors une notion de dégoût, recherché par Ayla Corre. Une tension se crée entre ce qui est su ou non, le public n'ayant connaissance de l'état des sujets.

La dernière œuvre est un assemblage de pattes de poulet surélevées par deux barres en fer. Le tout est fixé sur un socle en béton. Cette pièce crée la surprise du public. Les pattes de l'animal sont affublées d'ongles en acrylique peints de rouge. L'artiste brise ici une limite présente entre l'étrange et les normes de la beauté sociétale.


Les avis sont unanimes, après plusieurs discussions avec les visiteur·euse·s, les termes "dégoût", "particulier" et "impressionné·e" reviennent régulièrement. Les dessins ont su charmer le public, particulièrement impressionné par leur singularité et leurs détails. Les photos et pattes de poulet ont créé les réactions de dégoût attendues par l'artiste. Quant à la performance, elle laisse chez un grand nombre un sentiment de perplexité et des questions.


Le vernissage de l'exposition "Volatil" d'Ayla Corre fut dans l’ensemble un fort moment d’émotion, de surprise et de partage. Ces œuvres ont été appréciées et complimentées, le public était au rendez-vous. Nous vous invitons à aller découvrir l’exposition encore en place jusqu’à la mi-mars. 



Porquet Myndie


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