top of page
  • Photo du rédacteurLe Nuancier Média

Yayoi Kusama, l’artiste avant-gardiste oubliée

Yayoi Kusama née en 1929 est une artiste-peintre, sculptrice, écrivaine japonaise mondialement connue pour ses œuvres avant-gardistes contemporaines.



Son enfance et ses influences :


Née en 1929 à Matsumoto City, elle est la cadette d’une fratrie de 4 enfants possédant notamment une affaire assez florissante de vente de graines.

Entourée de champs de fleurs dès le plus jeune âge, elle commence à peindre des points dès l’âge de 10 ans. Inspirée par son environnement et en proie à des hallucinations, elle fait déjà l’objet dès l’enfance d’une vision artistique basée sur l’effacement de soi et l’accumulation.

On retrouve d’ailleurs dans son art des références omniprésentes à l’environnement familial et géographique de son enfance qu’elle qualifie elle-même comme “l’impression de se perdre dans un espace débordant et en constante expansion”. Au-delà de cela, elle affirme plus tardivement dans sa vie que son art est une représentation de son état mental obsessif et des hallucinations auxquelles elle était sujette pendant les périodes les plus difficiles qu’elle a traversé.


Mon travail est basé sur l’expression de mes problèmes psychologiques sous forme d’art.Kusama Infinity, 2018


Son expression artistique semble en effet représenter une part importante de ses traumatismes dans lesquels on peut deviner une représentation de champs de fleurs infinis ainsi qu’une place importante laissée au sexe et à la nudité comme l’expriment ses œuvres appelées les “penis chairs” une accumulation de figures phalliques représentant le machisme et son dégoût pour les relations sexuelles. La plupart des spécialistes suggèrent que son obsession pour ces figures revient surtout à cause d’un trauma inhérent d’avoir dû espionner son père lors de ses adultères, sous les ordres de sa très stricte mère, lorsqu’elle était enfant.


Des débuts difficiles aux Etats-Unis :


Ayant grandi dans une famille japonaise du 20ème siècle, ses parents, peu épanouis dans leur mariage, s’opposaient strictement à sa volonté de devenir peintre, d’autant plus que la place des artistes au Japon à cette époque était très incertaine. Malgré un certain succès dans l’exposition de ses œuvres dans de nombreuses villes japonaises, ses parents souhaitaient surtout qu’elle trouve rapidement un bon parti pour son mariage mais elle refusa toutes les demandes. Sur les conseils et recommandations de l’artiste américaine Georgia O'keeffe, elle décida, en 1957, de partir aux Etats-Unis, malgré l’incertitude de sa carrière artistique.


Elle fit difficilement ses débuts en tant qu’artiste, sous-estimée parce qu’elle était une femme étrangère dans un milieu artistique new-yorkais alors très largement dominé par des hommes blancs de bonne classe sociale. Elle réussit tout de même à faire exposer certaines de ses premières œuvres sans récolter un grand succès, autre que la reconnaissance de certains grands noms comme Andy Warhol. A plusieurs reprises elle voit pourtant des artistes de renommée reprendre ses concepts de textures notamment ; obtenant un succès phénoménal lorsqu'elle peine à être reconnue.


Elle inventa ainsi un concept d’“infinity mirror room” jouant sur les principes de lumières et de réflexion dans une pièce entièrement faite de miroirs, étant ainsi à l’origine de ce qui est aujourd’hui une pratique artistique très répandue dans les musées par exemple. Cependant, peu après cela, un autre artiste nommé Lucas Samaras reprit ce concept lors d’une exposition et obtint un succès fulgurant. Après cette énième déception, désespérée de ne pas voir ses efforts payer et en proie à une immense solitude, elle tenta de se suicider.


Une carrière provocatrice ?


Au cours des années 1960 elle sera surtout vue en Europe et aux Etats-Unis, où elle fait ses happenings et performances artistiques les plus controversés et qui lui voueront une première reconnaissance publique.

En ayant grandi dans le Japon de la Seconde Guerre mondiale, elle porte les traumatismes de cet événement qui prend une grande place dans nombreuses de ses œuvres. Pendant une grande partie de sa vie et surtout pendant les années 60, elle constitue des happenings portant un message d’amour universel, s’opposant à la mobilisation dans la guerre au Vietnam notamment.


La plupart de ces performances artistiques furent effectuées en public et autour d’un principe de nudité, d’acceptation et de paix. Elle organisa notamment de grands mouvements pacifistes contre la guerre au Vietnam (naked demonstrations) et fut même arrêtée à plusieurs reprises.

Elle obtint ainsi une grande attention de la presse et ses œuvres activistes furent grandement controversées, questionnant notamment leur dimension artistique. Les journaux japonais la qualifièrent même comme “la honte de Matsumoto city” ; elle fut à ce moment alors, définitivement reniée par sa famille, attaquée par la presse de son pays natal et traitée au Japon, comme une figure de “dépravation”.


Le revers des années 70 et son retour au Japon jusqu’à aujourd’hui :


Après la reconnaissance des années 60, le revers des années 70, plus conservatrices aux Etats-Unis, lui fait perdre la plupart de l’attention récemment obtenue. Elle se sentit à nouveau mise à l’écart et déprimée, décidant de rentrer au Japon en 1973. Elle y est perçue comme une figure scandaleuse, n’ayant le soutien de personne autour d’elle et ayant aussi très peu d’opportunités d’exposer son art. Peu après, son père est décédé et elle entrât dans une des périodes les plus difficiles de sa vie où il lui était difficile de peindre, étant en proie à des hallucinations violentes et à des pensées suicidaires.


Elle décida alors d’être internée dans un hôpital où les médecins pratiquaient la thérapie par l’art (l'hôpital psychiatrique Seiwa) dès 1977. A ce moment, son art fut plus sombre, évoquant à de nombreuses reprises la guerre et le cycle de la vie animale. Au cours des années 80 et 90, elle acquit une certaine renommée à l’international grâce à des expositions de ses œuvres dans des musées en Angleterre, aux Etats-Unis, en France ou encore en Italie.


Son domaine artistique s’étend aussi à la mode puisqu’en plus de sa propre entreprise nommée Kusama Fashion Company fondée en 1968, elle collabore aussi avec Lancôme, Uniqlo et surtout avec Louis Vuitton en 2006, 2012 et 2023. Aujourd’hui, l’artiste réside encore à l’hôpital psychiatrique Seiwa où elle possède un studio artistique ; elle continue à produire des œuvres et est une des figures les plus emblématiques du pop art pour lesquelles sont organisées des rétrospectives très prisées tout autour du monde.


Elle ne fut pas reconnue au Japon jusqu’aux années 90 mais elle est aujourd’hui perçue comme une emblématique figure de génie.



Yasmina


Comments


bottom of page